Brocante de quartier... souvenirs
Je cours vers ma mère pour lui montrer ce prodige que mon père a déposé dans mes mains : un oeuf qui n'en est pas vraiment un. Un oeuf qui jamais n'éclora. Je ne comprends pas mais c'est magique...
Arrive ce qui doit arriver, je trébuche dans la cour et lâche l'oeuf qui se casse. Je fonds en larmes, évidemment, comme le font les enfants de moins de trois ans dans une telle situation.
Mon père commence sa diatribe : "Ah, c'est malin, je savais bien que je n'aurais pas dû te confier cet oeuf!"
Mon grand-père l'interrompt d'un oeil sévère et se penche vers moi : "Tu n'as rien ma chérie? ce n'est pas grave, il y en a plein d'autres. Sais-tu à quoi ils servent?" Son ton doux me console et j'apprends intriguée que cela s'appelle un leurre et que si on en dépose auprès des pigeons que nous élevons, cela les incite à pondre.
J'aimais aller voir nos pigeons même si les adultes ont fini par jouer avec moi à un jeu cruel. "Lequel veux-tu dans ton assiette ce soir?" Et oui, mes grands-parents avaient décidé d'arrêter leur élevage et rien ne se perd, n'est-ce pas?
Je ne mange plus de pigeon depuis ce jour où, délaissant celui qui se trouvait dans mon assiette, j'ai couru vers le pigeonnier pour vérifier si mon préféré était toujours là et que j'ai trouvé les lieux vides...
Oui ils font des dégâts sur les monuments, oui comme le disait mon professeur de biologie, ils ont un vague air d'oiseau préhistorique... mais j'aime les pigeons et lorsque j'en croise un sur ma route, c'est pour moi comme un bonjour de l'au-delà, mon grand-père qui me chuchote "Bonjour ma chérie"...
Alors aujourd'hui, à la brocante de quartier j'ai craqué :
Comment? Ca ressemble plus à une mouette qu'à un pigeon? Je n'ai malheureusement pas d'histoire de mouettes à vous raconter et son corps dodu m'a rappelé la douceur de certaines plumes, le battement d'un petit coeur affolé lorsque mes lèvres doucement se posaient sur un petit corps chaud...
Sinon? Rien de neuf. Je couds une à une les étoiles de mon bonheur présent et à venir :
... et comme vous le voyez, je suis en bonne compagnie.
Voici pour vous la première rose du jardin. Bon week-end !